La figure du héros et la temporalité propres aux séries télévisées peuvent-elles être utiles à l’enseignement et au management?
Notre idée a toujours été de penser la série au-delà de sa fonction de divertissement. Nous nous interrogions sur les capacités d’une série à générer de la connaissance. Cela nous a amené à étudier les techniques de scénarisation. Ce faisant nous avons constaté d’une part des similitudes entre le héros de série typique et la figure du manager et d’autre part l’importance de la gestion du temps dans la scénarisation d’une série, comment utiliser le temps pour garder le spectateur accroché, ou pour mettre en valeur le héros, par exemple. C’est pourquoi nous avons orienté notre recherche vers un aspect beaucoup plus pratiques, pour s’intéresser aux enseignements que l’on pourrait tirer des séries télévisées dans le domaine du management, mais aussi de l’enseignement, car la transmission du scénariste vers le spectateur est bien réelle dans le cadre des séries.
La narration est une caractéristique de la littérature. C’est l’action de raconter, d'exposer une suite d'événements sous une forme littéraire. La scénarisation, c’est à partir d’une narration spécifique comme le script, mettre en scène et en image des mots pour re-construire une histoire.
Nous entendrons ici par temporalité tout ce qui touche à la gestion du temps autour d’une série. On désignera par temps interne le temps propre à l’épisode, par exemple dans un épisode de Game of thrones il s’agira de l’époque à laquelle évolue les protagonistes, du nombre d’heures « fictives » qui s’écoulent (un épisode peut relater des événements sur plusieurs jours). Par temps externe on comprendra le temps réel, tel qu’il est vécu par le spectateur, ici les 52 minutes que dure l’épisode, et le séquençage des actions au sein de ces 52 minutes (12 minutes de combat, 8 de discussion, 4 minutes de temps mort etc …)
Les personnages de séries télévisées sont des personnages fictifs à part entière, du fait de la longueur d’une série ils sont complexes et surtout capables d’évoluer avec les saisons. Le héros de série télévisée est extraordinaire dans sa composition : figure symbolique intemporelle, il mène la série, la contrôle. Même le temps se plie à lui. Il est le centre d’une série entièrement construite pour le mettre en valeur. Le spectateur, en s’impliquant dans la série, cale son rythme et ses perceptions sur le personnage principal. Le héros est donc le facteur principal du succès de la série car il permet (ou fait obstacle à) l’implication du spectateur.
Vous êtes un amateur de série ? Jouez à vous faire peur et à prendre conscience du caractère chronophage de ce genre audiovisuel !
tiii.me vous permet de calculer le temps passé à regarder des séries. Allez, encore un petit épisode ?
Dans tous les cas vous ne sauriez faire mieux que les recordmen du marathon 24h Chrono organisé par la FOX, plus de 86h non-stop.
Victime de son succès : En 2014 comme depuis 3 ans, Game of thrones est la série la plus piratée de l’année.
On en voit plus le bout : La série « Haine et passion » (guiding light) a été diffusée aux Etats-Unis de 1952 à 2009, avec 15 762 épisodes de 42 minutes c’est la série la plus longue de l’histoire.
Trop c’est trop : C’est sans aucun doute ce qu’on dit les présidents d’HBO et de la BBC après la deuxième saison de Rome. Il faut dire qu’avec une saison 1 à 110 millions de $ et une saison 2 à 125 millions (soit 12.5 millions l’épisode) , il faut beaucoup plus qu’une audience convenable pour être rentable !